Relations homme-animaux, lait, produits laitiers, élevage
Dans nos sociétés modernes occidentales, sociétés d’opulence pour une majorité, nous assistons au creusement d’une distance entre les citoyens, les mangeurs et les animaux d’élevage. Distance qui accroît la méfiance et les « rumeurs » vis-à-vis des produits d’origine animale. D’une part, les pistes sont brouillées quant à l’origine de nos aliments, brouillées du fait d’une méconnaissance de la réalité. D’autre part, les animaux familiers – chiens, chats, et autres hamsters…- sont considérés comme des « enfants » ou des « alter ego » à qui l’on prête (pour qui on imagine) des émotions et des réactions humaines… L’anthropomorphisation à outrance des animaux familiers (chiens, chats…) apparaît comme une dérive qui a une influence sur le régime alimentaire général et qui entraîne une perte de repères sur le régime omnivore essentiel pour les êtres humains.
Le colloque Ocha de 2006 autour de « l’Homme, le mangeur, l’animal » a exploré cette relation de l’homme à l’animal, d’hier à aujourd’hui et même à demain. L’axe alimentaire occupait une place de choix dans cette exploration. Depuis les interrogations des préhistoriens jusqu’aux débats contemporains, la place, le statut et les représentations de l’animal ont été questionnés afin d’essayer de comprendre les évolutions contemporaines sur les relations hommes/animaux.
Plusieurs axes d’approche sont privilégiés par les chercheurs en sciences sociales sur ce domaine de la relation homme/animaux :
En Philosophie et en sciences humaines, la question du rapport au vivant et donc à la mort, une réflexion sur les notions d’espèce et de droits dont de droit des animaux. Une question abordée par des philosophes comme Florence Burgat ou Jean-Yves Goffi et des anthropologues comme Colette Mechin, Noëlie Vialles, Cécile Blondeau…
Une réflexion sur la notion de domestication présente notamment dans une dynamique d’histoire longue avec les préhistoriens, les archéozoologues et les paléoanthropologues. Dans ces domaines, les chercheurs pensent la domestication comme un changement de paradigme important dans l’histoire de l’homme : avec la domestication, l’homme instaure une relation avec une espèce différente, relation qui n’est plus une simple relation de prédation (dans un sens ou l’autre) : Jean-Denis Vigne archéozoologue (MNHN) ou Jean-Pierre Digard, anthropologue (CNRS) inscrivent leurs travaux dans cet axe.
Une approche de l’élevage et de la relation entre l’éleveur et ses bêtes ainsi qu’avec l’éleveur et la société. Approche donc qui diffère de la zootechnie en incluant la dimension relationnelle et celle des représentations et des valeurs liées à l’élevage. Réflexion donc et travail de terrain autour des pratiques d’élevage au sens large et non pas seulement au sens de techniques d’élevage.
– Enfin autre approche, celle de l’anthropologie de l’alimentation avec l’animal perçu comme nourriture pour l’homme et le questionnement contemporain d’une alimentation carnée et de la consommation de produits d’origine animale comme le lait. Avec notamment les travaux de Noëlie Vialles, Jean-Pierre Poulain, Claude Fischler ou Anne-Marie Brisebarre…
L’Ocha embrasse ce champ de recherche ouvert à toutes les disciplines pour comprendre comment cette question de la relation homme/animaux sera pensée et abordée demain et avec quelles influences sur notre modèle alimentaire, sur l’élevage, l’agriculture et la consommation de produits d’origine animale.