Culture, représentation, modernité
La modernité alimentaire vue uniquement sous l’angle de la mondialisation et de la circulation de produits globalisés fait souvent peur. Elle est brandie comme une menace, celle de la désocialisation, de la déstructuration des repas, avec pour conséquence la progression du grignotage, de la junk food… Mais n’avons-nous pas une peur irraisonnée d’un phénomène aux aspects bien positifs par ailleurs (métissage, exotisme alimentaire…) ? La modernité n’est finalement que l’adaptation au temps présent, aux valeurs, aux envies, aux représentations portées par un monde d’échanges et de communication. Si l’on regarde le modèle alimentaire français, on s’aperçoit qu’il perdure et que ce qui fait sa spécificité (repas familial, trois repas par jour…), donc son aspect traditionnel, est aujourd’hui résolument moderne, tendance, et donne du sens à l’acte de manger. Ce qui définit notre alimentation et nos pratiques alimentaires relève d’abord de ce que l’on peut appeler la culture. Ce sont nos cultures et leurs adaptations qui font évoluer notre alimentation. Le fait alimentaire, fait biologique certes est surtout un fait culturel et en cela s’ancre dans notre intimité, nos racines, notre environnement. De ce fait penser l’alimentation se fait au prisme de toutes les représentations que nous avons construites et construisons.